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Hinckley Point : Theresa May offre à EDF une opportunité unique pour annuler le projet sans perdre la face

Les réacteurs EPR annoncés en Grande-Bretagne ne seront pas construits

jeudi 15 septembre 2016, par Stéphane Lhomme

En validant « sous condition » le projet absurde d’EDF de construire deux réacteurs nucléaires EPR à Hinckley Point, la nouvelle dirigeante britannique Theresa May a habilement offert à EDF l’opportunité d’annuler le projet sans perdre la face, c’est-à-dire en rejetant les dites conditions.

En effet, HPC (Hinckley Point C) est un projet « perdant-perdant » pour Londres et EDF mais, à ce jour, aucune des deux parties ne souhaite prendre la responsabilité de ce qui est pourtant la seule option raisonnable, l’annulation.

Londres est sous la pression de la Chine, qui doit cofinancer le projet dans le but de prendre pied en Grande-Bretagne et de s’y imposer à terme : Pékin menace ouvertement Londres de rétorsions économiques en cas d’abandon du projet.

De son côté, comme l’a démontré de façon éclatante la démission en mars dernier de son directeur financier Thomas Piquemal, EDF ne pourra éviter la faillite si l’entreprise publique poursuit ce projet absurde : même du point de vue pronucléaire, l’EPR est archaïque (il a été conçu au début des années 90 !) et il est de toute façon impossible à construire comme démontré par les désastres des chantiers de Finlande et de Flamanville (où se déroulera les 1et 2 octobre une importante manifestation antinucléaire qui sera regardée avec attention par les Britanniques).

Bien que le contrat passé entre Londres et EDF soit en grande partie maintenu secret, ce qui confirme une fois de plus le caractère anti-démocratique de l’industrie nucléaire, il apparait que ce projet pourrait être favorable à EDF… seulement dans le cas improbable où la construction des réacteurs se déroulerait correctement et sans retard. A défaut, EDF devra couvrir les surcoûts et payer de lourdes pénalités.

Pour sa part, Londres ne sera gagnante… qu’en cas de dérapage grave du chantier. Or, dans ce cas (fort probable), c’est toute la stratégie énergétique du pays qui s’effondrerait : à la croisée des chemins, la Grande-Bretagne ferait bien de choisir d’autres options que celle de la moribonde industrie nucléaire.

Il fallait donc une porte de sortie pour Londres et EDF, et Theresa May vient de l’ouvrir en grand en validant le projet « sous conditions » : EDF aura l’occasion de rejeter ces conditions dès que Londres les aura explicitées.

Il est toutefois probable que les dirigeants d’EDF continuent leur fuite en avant dans la mesure où ils ne jouent pas avec leur propre argent mais bien avec celui des citoyens français : après avoir payé pour la faillite d’Areva, ils devront payer pour celle d’EDF dont les conséquences seront encore pires.

Quant au chantier des EPR d’Hinckley Point, s‘il commence un jour, il est inévitable qu’il soit d’une durée infinie et que la mise en service n’ait probablement jamais lieu. Que ce soit par des catastrophes industrielles comme à Fukushima ou des désastres économiques, sans oublier les questions insolubles des déchets radioactifs et du démantèlement des installations, l’industrie nucléaire nuit gravement à l’humanité.