Publié le 4 avril 2011
Mensonges et blocage des alternatives pour sauver le nucléaire français
Pierre Péguin, physicien retraité, rédacteur associé à l’Observatoire du nucléaire
Le gouvernement et le lobby nucléaire sont aux abois face à la vague de doute et de contestation qui déferlent. Ce que les écologistes déclarent depuis longtemps s’avère une nouvelle fois tristement illustré par cette catastrophe qui touche un pays riche et de haute technologie, le Japon.
Mais la recherche du moindre coût, les mensonges, les erreurs ont eu raison de la foi aveugle dans une technologie mortifère.
De même que Three Mile Island en 1979 a bloqué toute nouvelle construction de réacteur aux USA, que Tchernobyl a donné également un coup d’arrêt, on assiste aujourd’hui à une remise en cause des velléités de relance du nucléaire dans de nombreux pays (Allemagne, Suisse, etc.)
Sauf en France... En France, dernier rempart du nucléaire avec la Chine, il faut sauver l’industrie nucléaire, fleuron de notre grandeur, de notre technologie (défaillante voir les déboires de l’EPR et les multiples défauts de fonctionnement du parc de réacteus), et fleuron également de notre gouffre financier.
Et pour cela on est prêt à tout,
Les mensonges : on prétend que nos installations répondent aux normes sismiques, et c’est faux. Outre les mensonges avérés, elles ont été évaluées à minima pour ne pas renchérir les constructions, elles ne s’appliquent pas aux vieux ateliers délabrés, et un grave séisme dans le sud-est ou dans la plaine du Rhin pourrait être catastrophique .
On prétend que nos réacteurs résisteraient à la chute d’un avion de ligne, c’est faux comme l’a montré le « secret défense » divulgué par Stéphane Lhomme. On prétend que l’accident majeur, dû à l’erreur humaine, à la technologie ou aux intempéries est très improbable, mais alors pourquoi tout est-il prévu en cas de catastrophe pour bloquer les migrations de population, et les préparer à vivre en zone contaminée ?
On minore l’effet de Tchernobyl ramenant le nombre de victimes à 400, puis à 4000 ; là où les études soviétiques reprises par l’académie de médecine de New-York annoncent le million [1].
On oublie de rappeler que plus de 1000 incidents nucléaires ont été recensés en 2010 en France !.
Et pour être sûr qu’on ne remette pas en cause l’impasse énergétique dans laquelle la France est coincée, on ne lance aucune politique de sobriété énergétique et on bloque le développement des renouvelables : Limitation cette année des installations photovoltaïques, aggravation des contraintes à la création d’éoliennes.
Le chauffage électrique, la climatisation, les pompes à chaleur air-air, l’éclairage des grands immeubles de bureaux, des rues des villes etc. bref le gaspillage restent en pleine promotion.
Déjà il y a une trentaine d’années, la France prenait de l’avance dans le solaire, mais ce mouvement a été cassé pour assurer la consommation d’électricité produite en excédent par le nucléaire. Aujourd’hui on bloque à nouveau l’élan vers le solaire et l’éolien.
En fait rappelons qu’avec ses 75 à 80% d’électricité, le nucléaire ne représente que 17% de toute l’énergie consommée en France ! Et à qui fera-t-on croire qu’on ne peut pas économiser et remplacer par d’autres sources 17% d’énergie quand on voit tous les gaspillages choquants (en commençant par les transports par camions et avions, et le manque de transports collectifs).
C’est donc bien le moment de remettre en cause la politique énergétique française et d’exiger l’arrêt immédiat du nucléaire. Cessons de vivre sous une telle menace dont la seule justification est la « grandeur » de la France. Cela vaut mieux que de s’en remettre à l’absorption de pastilles d’iode dont l’efficacité est très limitée [2].
[1] "Les morts de Tchernobyl" Pierre Péguin
[2] L’absorption de pastilles d’iode n’a d’intérêt que dans la saturation de la thyroïde, à condition d’être prise avant d’être contaminé. Dans ce cas il y a protection de la thyroïde, mais rien ne protège des graves conséquences de la contamination par tous les autres éléments radioactifs responsables de graves maladies à terme, et de malformations dans la descendance. Pour suivre l’évolution de la contamination en cours consulter le site de la criirad