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Envoi aux communes de Gironde

Bornes de recharge pour voitures électriques : Comment les communes de Gironde ont été trompées…

…et comment elles peuvent encore se sortir du piège

jeudi 4 septembre 2014, par julienschwartz

Observatoire du nucléaire - http://www.observatoire-du-nucleaire.org
Jeudi 4 septembre 2014 - Envoi aux communes de Gironde

Le plan du SDEEG basé sur un postulat… sans la moindre justification

Début 2013, les communes adhérentes au Syndicat Départemental d’Énergie Électrique de la Gironde (SDEEG) ont été priées d’adopter une modification statutaire, laquelle n’était "justifiée" que par un postulat asséné - sans l’ombre d’une explication - comme une vérité implacable : "En 2020, les voitures électriques devraient représenter 2 millions de véhicules". Il ne restait alors plus qu’à en tirer les conséquences : "Il appartient donc au SDEEG de s’adapter et de pouvoir contribuer à l’équipement de nos communes en matière d’infrastructures de charge."
C’est ainsi que, le 1er août 2014, le SDEEG a diffusé à ses communes adhérentes, pour les amener à installer de coûteuses bornes de recharge pour voitures électriques, une circulaire s’ouvrant sur le même postulat : "Les véhicules électriques constituent un levier important de la transition énergétique et du développement économique de notre pays. La progression du nombre de véhicules décarbonés devrait considérablement croître dans ces prochaines années pour atteindre 2 millions d’unités en 2020."

Comment les communes de Gironde ont été abusées

Notre propos n’est pas de condamner les communes qui ont adopté en confiance une modification statutaire présentée comme une évidence, au même titre que d’autres modifications concernant la "cartographie et l’exploitation de données numérisées", "l’achat d’énergie", les "communications électroniques". En réalité, les postulats du SDEEG sont totalement (et délibérément) erronés et trompeurs.
Ainsi, il faudrait s’adapter au fait que les voitures électriques seraient bientôt au nombre de 2 millions, mais la réalité est en fait totalement inverse : sous pression de divers lobbies, il a été décidé que les voitures électriques devaient être au nombre de deux millions et que, pour y arriver, il fallait amener les communes à installer d’innombrables bornes de rechargement.
On note aussi que la circulaire du SDEEG use de méthodes dignes de l’escroquerie : réponse à donner avant une date rapprochée (le 30 septembre 2014) sous peine de voir le "pactole" offert aux communes voisines. D’autre part, le SDEEG fait miroiter aux communes la possibilité de toucher 50% des "bénéfices d’exploitation", alors que ceux-ci sont totalement improbables : cette aventure va au contraire coûter très cher aux communes du SDEEG, y compris à celles qui ne sont pas concernées !

Des questions soigneusement évitées par les dirigeants du SDEEG

Des questions fondamentales n’ont de toute évidence pas été posées, le plan du SDEEG devant apparaître comme une évidence n’ayant même pas à être discutée :

  • l’installation de ces bornes est-elle bien justifiée ?
  • les prétendues vertus des voitures électriques sont-elle réelle ?
  • l’espace et l’argent public doivent-il être mobilisés pour ce projet ?
  • qui seraient les vrais bénéficiaires de ce projet ?
    La réalité, soigneusement cachée aux communes, est édifiante :

Les mentions "propre" ou "écologique" retirées des publicités pour voitures électriques

Ces derniers mois, l’Observatoire du nucléaire a contraint les principaux constructeurs de voitures électriques (Renault, Citroën, Nissan, Mitsubishi, Opel, Bolloré) à retirer de leurs publicités les mentions prétendant que la voiture électrique serait "propre", "verte" ou "écologique" (voir ci-dessous dépêches AFP et articles).
A Bordeaux, la société de voitures électriques BlueCub (Bolloré) vient elle aussi de retirer la mention "écologique" de son site web suite à une plainte pénale déposée par l’Observatoire du nucléaire (cf aussi ci-dessous).

L’Ademe a montré que la voiture électrique n’est même pas efficiente contre le CO2

Le plus édifiant est qu’une étude de l’Ademe montre que la voiture électrique n’est pas plus sobre que la voiture thermique concernant les émissions de CO2 (cf La Tribune, 4 décembre 2013, voir lien ci-dessous). En effet, on ne doit pas se mettre des œillères pour ne regarder la voiture électrique qu’au moment où elle roule : lorsqu’on tient compte de l’ensemble de la filière, en particulier de la fabrication industrielle des batteries, on voit que la voiture électrique doit rouler jusqu’à 100 000 km pour commencer à être moins émettrice de CO2. La circulaire du SDEEG est donc totalement trompeuse en évoquant des véhicules "décarbonés". Et il ne faut pas oublier les autres pollutions de la voiture électrique…

Des bornes alimentées par les centrales nucléaires

Le plan du SDEEG prévoit que les bornes de rechargement seront branchées sur le réseau ErDF ordinaire, alimenté à 75% par les centrales nucléaires, et ne seront pas alimentées par des énergies renouvelables.
En France, la voiture électrique est en réalité bien la voiture nucléaire, coupable de toutes les tares de l’atome (contamination du Niger par les mines d’uranium, rejets radioactifs et chimiques des centrales, production de déchets radioactifs, etc), à l’opposé de toute démarche écologique.
Mais en Gironde comme dans le reste de la France, l’industrie atomique compte sur le développement massif des voitures électriques pour doper la consommation d’électricité nucléaire et se redonner un avenir. Pour mémoire, M Pintat, Président du SDEEG, est un cadre du Commissariat à l’énergie atomique…

Une injustifiable délocalisation de la pollution

Bien sûr, la voiture électrique ne pollue pas (ou peu) au moment où elle roule, et là où elle roule : les pollutions ont lieu avant, après, et surtout ailleurs. Ainsi, les batteries de la plupart des voitures électriques contiennent du lithium dont l’extraction cause de graves dommages environnementaux et sociaux, par exemple en Amérique du Sud.
Par ailleurs, le rechargement des batteries avec de l’électricité nucléaire fait que la voiture électrique est co-responsable :

  • de la contamination du Niger par les mines d’uranium (le combustible des centrales nucléaires d’EDF est importé à 100% !),
  • des rejets radioactifs et chimiques opérés continuellement dans leur environnement par les centrales comme celle du Blayais,
  • de la production de déchets qui vont rester radioactifs pendant des millions d’années.

Un bénéfice cynique pour la CUB, mais pas pour les autres communes !

De façon totalement cynique, on peut se gargariser de rouler électrique dans les grandes villes afin que l’air y soit moins pollué, sachant que les pollutions sont délocalisées ailleurs et infligées à des gens qui n’y sont pour rien. Mais ce raisonnement écoeurant ne tient même pas hors de la CUB : l’air des autres agglomérations de la Gironde (Langon, Libourne, Blaye, Arcachon) n’est tout de même pas celui de Pékin ni même celui de Bordeaux, loin de là. Et c’est sans parler des nombreuses autres communes, souvent rurales, visées par le véritable racket du SDEEG.

Les bénéficiaires : le nucléaire, l’automobile, et les gens aisés

Le plan du SDEEG ne vise donc aucunement à protéger l’environnement, il s’agit de privilégier les intérêts de l’industrie nucléaire et ceux des constructeurs automobiles. Qui plus est, malgré le prétendu "bonus écologique" offert par l’Etat, souvent complété par des collectivités (régions, départements), la voiture électrique reste un achat de luxe effectué quasi exclusivement par des ménages aisés. L’argent public de nos communes doit-il donc vraiment être offert aux lobbies industriels et aux gens aisés ?

L’argent public ne doit aller ni à la voiture thermique ni à la voiture électrique

Bien sûr, il ne s’agit pas pour nous de faire la promotion de la voiture thermique (essence ou diesel) qui est elle-même très polluante. Mais, justement, personne ne se hasarderait à dépenser de l’argent public pour permettre aux propriétaires de voitures essence ou diesel de se garer gratuitement sur des places réservées, de recharger leur réservoir aux frais de la collectivité, etc : alors pourquoi le faire pour des voitures nucléaires ?
L’argent public des communes doit être affecté aux transports en commun, aux transports alternatifs, ou à tout autre projet d’intérêt général, mais certainement pas gaspillé dans le plan du SDEEG et offert à des intérêts privés.

Les communes doivent d’urgence reconsidérer leur position

Les communes qui sont hélas déjà tombées dans ce piège doivent d’urgence reconsidérer leur position. L’Observatoire du nucléaire invite les équipes municipales à se renseigner, à poser au SDEEG les questions listées dans le présent document, et se propose d’intervenir gratuitement pour informer les élus et la population.